Collectif des précaires du Mirail

Sans Local

Université Toulouse Jean Jaurès

5 allée Antonio Machado

31000 – Toulouse

precaires.mirail@gmail.com

https://precairesdumirail.noblogs.org/

 

Fait à Toulouse, le 10 février 2020.

 

Lettre ouverte à Madame Emmanuelle Garnier, Présidente de l’Université du Mirail dite « Toulouse 2 – Jean Jaurès ».

 

Bravo Madame la présidente pour votre tribune du 3 février 2020, qui s’élève contre une université Darwinienne. Nous saluons votre prise de position et nous vous rejoignons sur les grandes lignes de votre texte, notamment dans votre rejet « d’un grand nombre de propositions contenues dans les rapports » annonçant la LPPR et d’une vision de l’enseignement supérieur et de la recherche inégale et concurrentielle.

 

Cependant, il est un passage que nous voudrions commenter :

 

« Concernant la précarité, l’UT2J travaille depuis plusieurs années à améliorer ce qui relève de son pouvoir, particulièrement l’amélioration du processus de traitement des rémunérations. Nous entendons poursuivre cet effort pour sécuriser davantage les conditions de vie et de travail des personnels concernés. Cela suppose que nous engagions aussi une réflexion avec l’ensemble des parties prenantes pour réfléchir à nos pratiques et à nos modes d’organisation et pour explorer les pistes qui permettraient de limiter la précarité de certains emplois dans l’ensemble de nos activités. »

 

D’abord, et comme le souligne votre texte, la précarité n’a pas attendu les rapports préalables à la LPPR pour occuper l’enceinte de notre université. Certaines choses ont été mises en place : il est vrai qu’une informatisation des dossiers permet aujourd’hui de réduire les temps de signature une fois ceux-ci complétés. On ne peut pas nier les efforts faits sur ce point.

 

Cependant, pour le reste, nous devons déplorer une certaine lenteur à accéder à des mesures simples pour agir localement contre la précarité :

  1. Une personne dédiée au traitement des casse-têtes administratifs que sont les situations des travailleurs et travailleuses de l’université en situation de précarité. En effet, coincé·es entre plusieurs employeur·es, « dialoguant » avec la CAF et le Pôle emploi, nos parcours sont souvent kafkaïen.
  2. La communication des chiffres permettant de faire un véritable diagnostic de la situation sur l’université afin de pouvoir mener une réflexion de fond en étant correctement informé·es.
  3. Un local, visible et accessible, pour permettre l’organisation et l’information des travailleurs et travailleuses précaires de l’université. En effet, un des éléments de la précarité c’est l’isolement et le manque d’information qui accroit la vulnérabilité et les risques psycho-sociaux inhérents à nos situations.

 

Nous vous avons présenté ces demandes simples et claires avant votre élection, nous nous sommes rencontré·es le 28 février 2019 et nous nous sommes réuni·es avec votre équipe le 13 mars 2019 et le 23 mai 2019. Ces réunions, répétées et sur notre temps libre (avec la difficulté que nous vous avions exposée de devoir travailler doublement pour exister sur notre lieu de travail), n’ont pas permis d’avancer sur les mesures explicitées.

 

Pourtant, ces mesures simples ne sont qu’un préalable à des discussions en profondeur sur l’ensemble de nos revendications, à savoir :

  • La contractualisation et le paiement mensuel immédiat (nous ne sommes que quelqu’un·es à avoir de véritables contrats de travail), ainsi qu’un plan de titularisation ambitieux.
  • La revalorisation de nos salaires : le salaire des vacataires est 17 centimes en dessous du SMIC depuis le 1er janvier 2019, pour le même travail que les titulaires.
  • Le paiement de toutes nos heures de travail et pas uniquement de celles de cours (séances de cours, réunions pédagogiques, surveillances d’examen, corrections, etc.), et ce, tous les mois : nous refusons les économies faites sur le volume d’heures travaillées.
  • Le remboursement systématique des frais d’inscription pour les doctorant·es, sans quoi, nous payons notre employeur pour enseigner et faire de la recherche.
  • Un meilleur traitement du chômage à l’université et la fin du délai de traitement inacceptable qui s’étend pour l’heure entre deux et quatre mois.
  • La non-défalcation de nos jours de grève.

 

Dans l’attente des suites que vous donnerez à nos demandes, nous continuons à nous organiser pour lutter contre la précarité au sein de notre Université et au-delà.

Le collectif des précaires du Mirail.