Mardi 28 janvier : grève des précaires du Mirail acte I

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Aujourd’hui, il s’agit de ne plus subir ! Voilà plus d’un an que des personnes ont décidé que survivre ne suffisait pas, qu’il fallait vivre et même vivre bien ! Avec obstination et détermination, les Gilets Jaunes ont ainsi remis la gagne au programme. Depuis décembre dernier, c’est un mouvement contre la réforme des retraites qui agite le pays avec des manifestations monstres comme arme principale et dans certains secteurs, une grève dure et active en de nombreux points exemplaires pour toutes et tous !

Justement, ce mardi 28 janvier, les précaires de l’université du Mirail de Toulouse étaient aussi en grève ! Si la bataille promet d’être rude, cette première journée met bien du baume au cœur. La Loi de Programmation Pluri-annuelle de la recherche (LPPR) a beau nous regarder d’un mauvais œil, nous resterons le spectre qui la hante ! Parce que nous, Précaires de l’Université, connaissons déjà trop bien sa logique de fragilisation, d’appauvrissement et d’atomisation. Nous vivons déjà dans le futur qu’elle veut imposer à l’ensemble de l’Université ! Chargé-e-s de cours vacataires, nous sommes payé-e-s 14 centimes en dessous du smic, de une à sept fois par an, travaillons régulièrement sans contrat, et ces vacations n’ouvrent pas de droit au chômage – d’autant plus avec la récente réforme du système d’indemnisations. Nos fiches de paie ont beau montrer des cotisations payées, chômage, congés payés, retraite, on n’en voit jamais une miette ! Voilà l’envers du décor de l’offre d’enseignement à l’université en France. Oh, il existe aussi de multiples contrats courts (CDU, ATER, PAST etc.), qui ont – point commun avec les vacations – pour caractéristiques de nous mettre dans des situations instables, de dépendance vis-à-vis de nos collègues et qui nous maintiennent dans une minorité politique permanente sur nos lieux de travail. En clair, bosse, tais-toi et peut-être un jour, si tu travailles d’arrache-pied, tu auras un poste. Ça suffit ! Ainsi, nous prenons désormais activement et collectivement notre part dans la bataille commune. Nous non plus ne voulons plus juste survivre !

Grève des précaires

Le but de cette première journée était de nous rendre visibles et d’être rejoignables. À la fois dire « on est là, même si on n’a pas de contrat, nous on est là ! » et rencontrer d’autres précaires partant-es pour s’organiser concrètement face à la précarité. Autant spoiler tout de suite ce fut une réussite.
Ainsi, sur cette journée de grève, des dizaines d’heures de TD ont été annulées en psychologie, éco-gestion, anthropologie, sociologie, art et com, géographie, archéologie et histoire de l’art… Et oui si on arrête tout, ça se voit ! Nous avons pu tenir toute la matinée un piquet de grève à l’entrée de l’université pour discuter et informer les étudiant-es et le personnel (enseignant et administratif). Pour notre plus grand plaisir, nous avons été rejoints par des étudiant-es de licence, de master mobilisé-es et quelques titulaires. Nous avons aussi réalisé des tournées dans les salles de cours et les amphis. Sur la pause méridienne, les personnel-les de la BU en grève nous ont rejoints pour visibiliser leur mobilisation contre la réforme des retraites. Nous nous sommes ensuite rendus à la maison de la recherche en cortège bruyant parce qu’il n’est plus question de subir en silence. Alors oui, on nous a vu-es et entendu.e.s, et oui nous sommes bien plus nombreuses et nombreux qu’hier !

La roue de la fortune de l’ESR

Nous avions aussi à coeur d’informer sur nos situations et la réalité du monde merveilleux de l’ESR. L’organisation d’une formidable roue de la fortune a permis de raconter quelques anecdotes trépidantes de nos vie de précaires #viedemerde. Entre les colloques organisés gratuitement pour la gloire, les cours attribués au dernier moment, un demi poste d’ATER à Tourcoing à commencer le lendemain, les salaires en livres, les copies à corriger gratuitement pour hier, et tant d’autres aberrations auxquelles nous sommes malheureusement désormais habitué-es, nous avions matière à galvaniser notre auditoire ! Il aura tout de même fallu répéter plusieurs fois qu’il s’agissait bien de faits réels et non d’exagérations… Étonnamment (ou peut-être pas ?), malgré la fréquence des tours de roue, le gros lot, un poste de titulaire, n’a été gagné par personne (une titulaire a failli le décrocher mais finalement, elle a eu 300 copies à corriger, on lui a dit que c’était pas grave, qu’elle avait bien fait de tenter, qu’ainsi son dossier tournait, que son nom circulait, que ça paierait un jour…).

Ceci n’est qu’un début

Pour nous, il est évident qu’il faut continuer, l’heure est à la détermination. D’ores et déjà le rendez-vous est pris pour se retrouver chaque semaine afin d’accueillir de nouvelles personnes, d’informer, d’élaborer des actions et d’affiner notre stratégie. Certain-es parlent d’une grève pour l’ensemble du second semestre si nous n’obtenons pas satisfaction ! Faute de se voir accorder un local malgré nos demandes depuis plusieurs années, nous investirons un coin du hall du bâtiment Accueil du Mirail pour en faire notre « chambre à soi » indispensable pour avancer – rdv mardi 4 février à 12h pour le lancement du comité de lutte des précaires, à fréquence hebdomadaire. Nous serons ainsi visibles et rejoignables, tout en rappelant l’une de nos revendications historiques : un local pour les précaires ! On y organisera la communication, on approfondira les axes de revendications et on préparera méticuleusement nos actions. Déjà des rétentions de notes ont été actées en Anthropologie et en Histoire de l’art Archéologie, d’autres vont suivre. Une prochaine journée de grève et d’action est prévue jeudi 6 février, nous y privilégierons les échanges et l’intervention dans les salles et les amphis. Il s’agira là de monter en puissance pour une semaine complète de grève du 24 au 29 février, avec le soutien des étudiant-es et des collègues titulaires !

Nous appelons plus que jamais nos collègues titulaires à nous soutenir par tous les moyens qu’elles et ils jugeront pertinents. Soutenir la caisse de grève d’ores et déjà disponible est un premier pas mais ce dont nous avons besoin c’est surtout d’une lutte collective, puissante et déterminée pour des recrutements massifs et contre la logique darwinienne à l’Université.

Dans l’immédiat nous revendiquons :

  • La contractualisation et le paiement mensuel immédiat et un plan de titularisation ambitieux ! Oui, nous ne sommes que quelqu’un.e.s à avoir de véritables contrats de travail !
  • La revalorisation de nos salaires : le salaire des vacataires est à 17 centimes en-dessous du SMIC, pour le même travail que les titulaires ! Oui, depuis le 1er janvier 2019, les vacataires sont payé-es en dessous du SMIC !
  • Pas d’économies sur le volume d’heures, et le paiement de toutes nos heures de travail et pas uniquement de cours (séances de cours et temps de préparation correspondant, suivi des étudiant-es, réunions pédagogiques, surveillances d’examen, corrections etc.) et ce, tous les mois ! Oui, toutes nos heures et tous les mois !
  • Le remboursement systématique des frais d’inscription pour les doctorant.e.s (oui nous payons notre employeur pour enseigner)
  • Un meilleur traitement du chômage à l’université et la fin du délai administratif inacceptable qui va pour l’heure de deux à quatre mois ! Oui, de deux à quatre mois sans rien !
  • Un local sur le campus du Mirail pour pouvoir nous réunir, être visibles, nous entraider !
  • La non-défalcation de nos jours de grève ! Hey, on vient de dire qu’on était payé-es en dessous du SMIC !
  • Notre lutte s’inscrit bien évidemment dans le mouvement actuel : retrait de la LPPR, de la réforme des retraites et du chômage !

Isolé-e on doute, ensemble on avance !

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